
Titre : Journal de Mac Lir
Auteur : Jean-François Chabas
Edition : Ecole des Loisirs
Date de publication : 2008
Pages : 100
Prix : 8.70¤
Quatrième de couverture :
Il se nomme Liam O'Donnel. Appelez-le Mac Lir. C'est son surnom. "Fils d'Océan" en gaélique, la langue de ses ancêtres.
Depuis le drame, il est seul avec son père dans une cabane sur la plage, au bord de l'Océan, sur l'ancienne piste côtière des chameliers de l'Australie.
Il n'a que onze ans mais c'est lui qui s'occupe de tout, dessaler l'eau de mer, pêcher, préparer à manger, pendant que son père boit, gémit, dort, brûle de chagrin et parle en rêve à ses chéries, ses amours, ses disparues, la mère et la soeur de Mac Lir.
Mac Lir écrit, il réfléchit, il observe les couleurs du soleil couchant, des rayures du requin tigre qu'il a baptisé Sharak, de la tortue verte qu'il a appelée Dood.
Il s'en nourrit.
Il est le Fils de l'Océan, il pourrait entrer dans l'eau, lui demander de le prendre, de l'emporter, et tout serait fini.
Mais en ce moment, il a une priorité absolue : sauver la vie de son père.
Extrait :
"J'avais lu dans un livre de ma mère qu'on devient adulte quand nos parents deviennent nos enfants, et je n'avais rien compris, je trouvais ça idiot. Mais maintenant je comprends, parce que mon père, dans l'eau, m'a fait me souvenir des films où on nous voit, Naomi et moi, en train de jouer dans la piscine gonflable, quand nous étions tellement petits qu'on préférait nous faire jouer là-dedans plutôt que dans l'océan.
Je deviens le père de mon père parce qu'il est vulnérable, fragile comme nous l'étions, et que j'ai grandi. La souffrance, elle transforme, elle rend les choses telles qu'elles ne devraient pas être. Mon père est un enfant à cause de sa souffrance. Et ma souffrance à moi me fait comprendre la phrase du livre de ma mère."
"La douleur est un professeur. Je pense que j'ai plus appris en quelques mois que pendant toute ma vie. C'est juste que le prix de l'apprentissage est un peu trop, trop énorme."
Mon commentaire :
____On dirait pas comme ça, mais c'est un livre très important. J'ai voulu le feuilleter vite fait, lire les premières pages avant de réviser mon contrôle de philo, et deux heures plus tard je finissais le livre (sans avoir ouvert mon bouquin de philo entre temps, évidemment.)
____Commençons par le format du livre. Il est court, très court, et c'est une sorte de journal intime, Mac Lir écrit dedans quasiment tous les jours sur une période de deux mois, parfois plusieurs fois pas jour, et ça peut varier du simple mot à six pages. C'est donc très rapide à lire, et ça nous emporte d'un coup.
____Parlons des personnages. Mac Lir a 11 ans, et un accident a emporté sa mère et sa soeur. Avec son père, ils sont partis dans un endroit de l'Australie où le désert plonge directement dans la mer. Ils sont totalement seuls, perdus au milieu de nulle part. Avec la quatrième de couverture, on pourrait croire que son père est un véritable alcoolique, un être abjecte mais on est en réalité très loin de ça. Son père est complètement dévasté par le drame, il ne parle plus ne se lave plus ne mange plus ne fait plus rien. Ses seules actions consistent à se lever afin de faire ses besoins. Il ne se rend pas compte de la présence de son fils.
____Mac Lir est par conséquent obligé de tout faire. Il nourrit son père, ouvre les boites de conserves, pêche, dessale l'eau, et surtout il écrit pour ne pas devenir fou. Il nous raconte tout et n'importe quoi. Son père, ses rêves, l'école où il allait, le surf, sa mère et sa soeur, Dood la tortue et Sharak le requin-tigre, ses questionnement sur la douleur, le destin et la Religion. Il comprend l'importance des mots. Il écrit comme il parle, et il est encore jeune, donc parfois les phrases s'étalent sans fin et on a du mal à leur trouver un sens. Mais surtout, Mac Lir nous parle de sa peine, et ces moments poignants peuvent arriver n'importe quand, entre Sharak et Dood par exemple.
____Pour moi, Mac Lir est un véritable héro. Oubliez Harry et Katniss et regarder Mac Lir. Du jour au lendemain, il est passé d'enfant à adulte. C'est tragique mais il n'a pas le choix, il est la dernière personne qui reste à son père qui se laisse dépérir de plus en plus. Alors des fois il crie, il s'énerve. Mais il ne pleure pas. Et parfois sa peine est tellement grande qu'il aimerait se laisser porter jusque Sharak, l'appeler même, mais il ne peut pas, il n'en a pas le droit. C'est un véritable héro car c'est un enfant qui oublie sa peine et la range pour aider son père à survivre, et pour moi il vaut mieux que n'importe quel autre héro.
Si jamais un jour, par hasard, vous tombez sur ce livre, ne résistez pas, car il est vraiment beau et vous ne regretterez pas. Si vous ne tombez pas dessus par hasard, alors forcez le hasard. Pour moi c'est un véritable coup de c½ur, et autant j'aime beaucoup de livres, je ne suis pas très difficile, autant quand il s'agit de décerner un 'coup de c½ur', là je suis avare, alors ce n'est pas rien.
Vos avis ?
Vos avis ?
Sa-chan