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Création : 20/10/2012 à 12:19 Mise à jour : 19/08/2019 à 08:23

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3 articles taggés Babel

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Meursault, contre-enquête

 

Meursault, contre-enquêteஐ ♥ ஐ



Titre : Meursault, contre-enquête
Auteur : Kamel Daoud
Édition : Babel
Date de parution : 2013
Nombre de pages : 153
Prix : 6,80 €


 
 
ஐ ♥ ஐ


 


Quatrième de couverture


« Il est le frère de "l'Arabe" tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage d'Alger trop ensoleillée. Soir après soir, dans une bar d'Oran, le vieillard rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d'un dieu, son désarroi face à un pays qui l'a déçu. Etranger parmi les siens, rage et frustration inentamées, il voudrait clore cette histoire et mourir enfin. »

 
ஐ ♥ ஐ


Extrait :

 
« [...] Pour ta gouverne, sache que pendant des années, M'ma s'est battue pour une pension de mère martyr après l'Indépendance. Tu penses bien qu'elle ne l'a jamais obtenue, et pourquoi s'il te plaît ? Impossible de prouver que l'Arabe était un fils - et un frère. Impossible de prouver qu'il avait existé alors qu'il avait été tué publiquement. Impossible de trouver et de confirmer un lien entre Moussa et Moussa lui-même ! Comment dire ça à l'humanité quand tu ne sais pas écrire de livres ? M'ma s'usa quelques temps, pendant les premiers mois de l'Indépendance, à essayer de réunir des signatures ou des témoins, en vain. Moussa n'avait même pas de cadavre ! Moussa, Moussa, Moussa... j'aime parfois répéter ce prénom pour qu'il ne disparaisse pas dans les alphabets. J'insiste sur ça et je veux que tu l'écrives en gros. Un homme vient d'avoir un prénom un demi-siècle après sa mort et sa naissance.[...] »
 
 
ஐ ♥ ஐ


Mon avis :

     A sa sortie en grand format, le roman de Kamel Daoud qui lui a valu le Prix Goncourt du Premier roman m'a automatiquement tapée dans l'oeil. Pourquoi ? Tout simplement parce que je suis une grande admiratrice d'Albert Camus et que j'apprécie tout particulièrement L'étranger. Quand j'ai lu le résumé de Meursault, contre-enquête, je me suis dit "Kamel Daoud est un génie". Et dans un sens j'avais raison ! Il est parvenu habilement à faire un hommage au célèbre roman de Camus, même si cet hommage est en forme de contrepoint.
     Le style de Kamel Daoud est captivant. Nous avons perpétuellement l'impression que l'histoire fictive de Meursault s'est réellement passée. Certaines phrases employées paraissent complexes mais sont gorgées de messages et d'une forme singulière de poésie. L'ouvrage ne fait que cent cinquante pages et pourtant on a l'impression qu'il en fait le double. En effet, il est tellement empli de doubles sens qu'il faut prendre le temps de bien lire chaque page.
     Toutefois, j'avoue avoir été un peu déçue par ce roman. Selon moi, la narration part trop dans tous les sens. J'avais l'impression que le personnage principal radoter, et même si cela est voulu par l'auteur, cela m'a gênée. Je conseille ce roman pour ceux et celles qui ont lu L'étranger (car oui, impossible de comprendre la subtilité de Meursault, contre-enquête si on ne lit pas l'œuvre de Camus au préalable !). Cependant, ne vous attendez pas à lire le roman de l'année.
     


by LittleTartine
Tags : Kamel Daoud, Babel, #LittleTartine
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#Posté le dimanche 07 août 2016 08:00

La Couleur des sentiments



La Couleur des sentimentsஐ ♥ ஐ



Titre : La Couleur des sentiments
Auteur : Kathryn Stockett
Édition : Babel
Date de parution : 2009
Nombre de pages : 599
Prix : 9,70 €


 
 
ஐ ♥ ஐ


 


Quatrième de couverture


«  Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. »

 
ஐ ♥ ஐ


Extrait :

 
« [...] Quand je l'ai su, mon garçon était mort. C'est ce jour-là que tout est devenu noir. L'air était noir, le soleil était noir. Je me suis couchée et je suis restée à regarder les murs noirs de ma maison. Minny venait tous les jours pour voir si je respirais encore, me faire manger et me garder en vie. Il s'est passé trois mois avant que je regarde par la fenêtre et que je voie que le monde était toujours là. J'en revenais pas de m'apercevoir qu'il s'était pas éteint, comme ça, parce que mon garçon était mort. Cinq mois après l'enterrement, je me suis levée. J'ai mis mon uniforme blanc et ma petite croix en or autour du cou, et je suis entrée au service de Miss Leefolt parce qu'elle venait d'accoucher de sa petite fille. Mais j'ai pas tardé à comprendre que quelque chose avait changé. On m'avait planté dedans une graine d'amertume. Et j'acceptais plus les choses comme avant.[...] »
 
 
ஐ ♥ ஐ


Mon avis :

     Une chose est sûre à propos du roman de Kathryn Stockett : il a fait terriblement polémique à sa sortie en 2009 et s'est vu refuser par au moins soixante éditeurs avant d'être publié définitivement. Les thèmes abordés semblent encore tabous, même à notre époque. En effet, La Couleur des sentiments illustre le contexte de la ségrégation raciale aux Etats-Unis durant les années 60. On retrouve dans ce roman la définition même de l'inégalité avec la relation Blanche/Noire, alias Maîtresse/Bonne.
     Je vous avoue que j'ai d'abord vu le film du même nom avant de lire ce livre. Et, très franchement, les deux se valent. Rarement une œuvre m'a fait autant vibrer et connaître des émotions aussi contraires. J'ai ri, j'ai pleuré, je me suis insurgée et j'ai eu pitié. L'auteure parvient habilement à nous faire ressentir une kyrielle d'émotions par le biais de trois narratrices qui vont former un sacré trio. D'un côté, nous retrouvons Aibileen, une femme d'un âge avancé qui a perdu son fils mais qui, malgré toutes les épreuves qu'elle a pu traverser, parvient encore à représenter en quelque sorte la sagesse. De l'autre, il y a Minny, la meilleure amie d'Aibileen qui ne manque pas de culot, même auprès des Blancs. Et puis nous retrouvons Skeeter, la Blanche qui souhaite écrire un livre sur la conditions des bonnes Noires, au risque de se mettre toute la population à dos.
     Vous l'aurez compris, à l'image de ses personnages, La Couleur des sentiments n'est ni tout blanc ni tout noir. C'est un subtile mélange de comédie et de drame. Par conséquent, c'est un roman que je recommande plus que vivement. Et ne vous en faites pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, les six cent pages ne sont pas un obstacle. Au contraire : on en redemanderait encore !


by LittleTartine
Tags : Kathryn Stockett, Babel, #LittleTartine
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#Posté le dimanche 31 juillet 2016 08:00

Corpus Delicti : un procès

Corpus Delicti : un procès
Corpus Delicti : Un procès
 
Auteur : Juli Zeh
Genre(s) : Dystopie, social, drame
Sortie VO : 2009
Éditions FR : Babel (poche, 2016) - Actes Sud (2010)
Pages : 256 (Babel) / 237 (AS)

SYNOPSIS :
Nous sommes en 2057 et tout est propre. Pour le bien de tous, l'État a instauré la Méthode, qui soumet la population à des règles hygiéniques drastiques. Depuis le décès de son frère, Mia Holl perd les pédales : cette jeune biologiste a arrêté le sport et n'a pas transmis aux autorités les rapports obligatoires relatif à son sommeil et à son alimentation. Convoquée au tribunal, elle est bientôt soupçonnée de sympathies avec le groupe Droit à la maladie. Lucidité visionnaire, humour amer et rythme enlevé sont les atouts de ce roman politique sur les dérives de l'obsession hygiéniste, du culte du corps et de la tentation normative.
 
______________________________________________________________________________________
 
EXTRAIT
« Un état légitime est comparable à une chaussure qu'on ne sent pas tant qu'elle ne sert pas trop. »

« Il y a seulement cinquante ans, les enfants exhibaient fièrement leurs genoux écorchés. Quand les adultes se cassaient la jambe, ils se dessinaient mutuellement des petits coeurs sur leurs plâtres. Tout le monde se plaignait de rhume des foins, de douleurs lombaires, de problèmes digestifs... mais, en fait, on ne voulait qu'une seule chose : éveiller une compassion injustifiée [...] La maladie passait aux yeux des gens pour la preuve de leur existence, comme s'ils avaient été incapables de sentir leur corps tant qu'ils n'avaient mal nulle part. Durant des siècles, on a vénéré la faiblesse ; elle était même au coeur d'une religion universelle. On s'agenouillait devant l'image d'un masochiste squelettique et barbu coiffé d'un rouleau de barbelés, le visage dégoulinant de sang. La fierté des malades, la sainteté des malades, l'égoïsme des malades : voilà les maux qui rongeaient les gens de l'intérieur. »
 _____________________________________________________________________________________


L'avis de June : J'ai lu ce roman dans le cadre de mon cours universitaire centré sur la dystopie biopolitique. Ce fut une excellente découverte ; c'est même le livre que j'ai préféré sur mes huit lectures obligatoires du semestre !

Aujourd'hui, les dystopies sont surtout populaires auprès des adolescents et des jeunes adultes. Ce genre de romans est donc, la plupart du temps, pensé pour eux. Corpus Delicti est ce qu'on pourrait appeler "une dystopie pour adultes", du moins le roman ne vise pas un jeune public en particulier, mais un peu tout le monde. On sent les engagements sociaux de l'auteur derrière sa plume, mais sans que cela ne déborde du cadre fictionnel de l'histoire. Les grands discours du roman se fondent aussi bien dans l'univers de Corpus Delicti et dans le nôtre.

Il ne faut pas vous attendre à un récit particulièrement chaleureux avec ce roman. Les personnage, plus qu'ils ne "sont" vraiment, incarnent avant tout une idée ou un idéal, chacun ayant un rôle permettant de représenter différents "points de vus" politiques et sociaux, que l'auteur cherche à confronter dans son récit. Attention ! Je dis simplement que leur rôle est un peu froid, mais je ne dis pas qu'ils sont dépourvu d'humanité ! On peut ressentir de la compassion pour Mia, s'attacher aux convictions de Moritz et cela n'empêche en rien l'intrigue d'être entraînante et palpitante ! Du début à la fin, j'ai dévoré l'aventure de Mia avec passion. Même si les personnages manquent un peu de chaleur, certains restent quand même inoubliables de par leur histoire (pour Mia et Moritz) ou par le rôle qu'ils tiennent dans le récit.

Corpus Delicti fait parti de ces romans qui marquent et qui ne laissent pas indifférent, qui appellent à la réflexion et invitent à revoir sa vision du monde. Si j'avais voulu souligner les passages clés du récit, les discours et les citations du roman qui percutent en plein fouet et qui font mouche, honnêtement, j'aurais surligner quasiment tout le roman ! L'écriture, la narration et les dialogues... tout à un sens réel, et profond. C'est un roman qui marque avant tout par son propos et ses discours engagés (dans l'univers du récit). La fin du roman est assez surprenante, même si j'avoue l'avoir vu venir d'une certaine manière. Cela ne l'empêche pas d'être épique et, surtout, paradoxalement dramatique !

J'aurais tendance à conseiller ce roman à tout le monde, à partir du lycée. L'écriture est accessible et le contenu réellement intéressant. Tout est pensé de A à Z, construit et chaque personnage, ainsi que chacune des actions entreprises dans le roman, incarnent une idée précise ou tiennent un rôle bien définit pour faire passer tel ou tel message/émotions. Si vous n'êtes pas très axé dystopie d'habitude, je vous invite à faire une petite exception (si ma chronique a déjà suscité votre intérêt, bien entendu). Une excellente lecture, qui ne mérite pas sa note très moyenne sur livraddict ahah !
Tags : Juli Zeh, Actes Sud, Babel, #June
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#Posté le mardi 20 décembre 2016 08:00

Modifié le jeudi 22 décembre 2016 13:22

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